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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux"

Jules Renard

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7 août 2013 3 07 /08 /août /2013 17:22
William Ryan, Film noir à Odessa, 10-18

Alors qu'on frappe à sa porte en pleine nuit, l'inspecteur Alexeï Korolev croit sa dernière heure arrivée. Il faut dire qu'on est à Moscou en 1937 et que ceux qui sont ainsi réveillés à cette époque ont tendance à ne plus réapparaître. Fausse alerte heureusement, Korolev a en effet été remarqué positivement lors d'une précédente affaire (épisode 1 de la série, que je n'ai pas lu) et on l'envoie maintenant en Ukraine enquêter sur le meurtre d'une citoyenne modèle qui travaillait sur le tournage d'un film et qui se trouve avoir été la maîtresse de Iéjov, chef du NKVD (la police politique) et organisateur de la vague de répression en cours (Grande Terreur de1937-38).

 

Sur place Korolev découvre une affaire dans laquelle interviennent une confrérie de Voleurs moscovites et des traîtres à la patrie qui complotent avec l'Allemagne nazie. Notre héros doit jouer avec finesse pour faire éclater la vérité sans déplaire aux tout puissants qui gouvernent le pays.

J'apprécie le personnage de Korolev, honnête homme attachant qui veut faire son travail au mieux, communiste plutôt convaincu des bienfaits de la révolution mais ayant gardé un fond de sens critique (il est resté chrétien), parfois dupe aussi -comme beaucoup à l'époque : « Korolev envisagea l'hypothèse d'un gangster de Hollywood envoyé pour assassiner Lenskaïa et dérober le projet Kinograd. Il se dit que c'était peu probable. En même temps, quand on découvrait que tous ces anciens révolutionnaires bolchéviques et ces dignitaires du Parti étaient en fait des espions français, britanniques ou autres... Désormais, plus rien ne pouvait être exclu, apparemment. »

 

C'était intéressant de lire ce roman après Terres de sang parce que je connaissais mieux la situation de l'Ukraine. Une région dont 3,3 millions d'habitants sont morts lors de la famine organisée par Staline en 1932-33, dont des milliers d'autres ont été déportés au goulag et qui se retrouve encore au premier rang à l'occasion de la répression de 1937-38. On peut comprendre qu'on y trouve des gens prêts à trahir l'URSS : « Il n'y a pas un homme, une femme ou un enfant qui ignore que la Révolution les a trahis. Je n'ai pas besoin de chercher des gens opposés à la Révolution. Par ici, tout le monde l'est. Parlez de la faim aux villageois, ils vous raconteront des histoires à vous glacer le sang (…) les gens ont mangé du cuir, de l'herbe, l'écorce des arbres et pire que ça, bien pire. »

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26 juillet 2013 5 26 /07 /juillet /2013 14:00
Timothy Snyder, Terres de sang, Gallimard

Les Terres de sang ce sont les territoires d'Europe centrale (Pologne orientale, Pays baltes, Biélorussie, Ukraine, ouest de la Russie) qui, entre 1933 et 1945, ont été sous la domination de l'URSS, puis de l'Allemagne, puis de nouveau de l'URSS. Dans ces Terres de sang, pendant cette période, 14 millions de personnes sont mortes, tuées dans le cadre de politique délibérément meurtrières. Plus de la moitié sont mortes de faim. (Le mot délibérément est ici particulièrement important. L'étude ne s'intéresse pas aux victimes d'internement au goulag ou en camp de concentration dès lors que cet internement n'avait pas pour but de les tuer et même si c'est cependant la conséquence qu'il a eu).

 

Timothy Snyder présente les étapes et les moyens de ces meurtres de masse. La famine en Ukraine, organisée par des réquisitions de grains chez les paysans. Pendant que 3,3 millions de personnes mourraient de faim dans la région, l'URSS exportait du blé vers l'Europe.

Je découvre que la Grande Terreur de 1937-38 qui avait apparemment des motifs politiques s'est en fait concentrée sur une classe sociale (les koulaks, paysans « riches », survivants de la famine du début des années 1930) et sur des origines nationales : les Ukrainiens et les Polonais. Ces derniers qui formaient 0,4% de la population soviétique représentent 1/8° des victimes. Après le partage de la Pologne entre l'Allemagne et l'URSS en 1939, le pays est victime de politiques qui déciment son intelligentsia

 

Cette première époque a donné l'avantage à l'URSS en matière de victimes. A partir de 1941, avec l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, c'est à ce dernier pays que va revenir la palme : plus de 3 millions de prisonniers de guerre soviétiques massacrés ou détenus dans des conditions destinées à les éliminer rapidement ; des populations affamées ou abattues (la Biélorussie est particulièrement frappée : à la fin de la guerre, la moitié de sa population a été tuée ou déplacée) ; le génocide des Juifs. L'Ukraine, la Pologne, la Biélorussie apparaissent comme les pays qui ont le plus souffert, leurs populations laminées et je me dis que forcément ça doit avoir des conséquences sur leur histoire présente.

 

Timothy Snyder analyse enfin les similitudes et les différences dans le fonctionnement de ces deux régimes totalitaires. Il montre notamment comment les massacres de masse leur ont permis de faire oublier leurs échecs. La collectivisation est un échec, Staline en accuse les koulaks, ils sont affamés ce qui permet d'afficher une lutte des classes victorieuse. La guerre éclair prévue par Hitler contre l'URSS est un échec, il en accuse les Juifs, leur extermination permet de mettre en avant une « solution finale » victorieuse.

 

C'est un ouvrage très intéressant, qui se lit bien malgré plus de 700 pages. Sur un sujet qui me passionne et que j'ai déjà pas mal exploré, j'ai encore appris des choses. Mais en même temps il me semble qu'un profane pourrait tout à fait y trouver son compte aussi parce que les faits sont exposés de façon très accessible. Timothy Snyder cite aussi des acteurs anonymes de l'histoire, témoins ou victimes, ce qui donne de la chair aux événements. Son propos est en effet de faire prendre conscience que 14 millions de victimes ce n'est pas une fois 14 millions de personnes tuées mais 14 millions de fois une personne. Je trouve que quand on atteint de tels chiffres cela ne signifie plus grand chose mais ici il y a une volonté de redonner du sens : « Chaque jour du second trimestre 1941, les Allemands tuèrent plus de Juifs qu'il n'en était mort dans les pogroms de toute l'histoire de l'empire russe ».

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5 juillet 2013 5 05 /07 /juillet /2013 14:08
Françoise Guérin, Cherche jeunes filles à croquer, Le masque

Le commandant Eric Lanester, profileur de la police nationale, est envoyé en mission dans les environs de Chamonix où plusieurs jeunes filles ont disparu, certaines depuis plusieurs années. On commence à se poser la question d'un lien. Pourquoi ? Anorexiques, elles ont toutes séjourné à la clinique de la Grande Sauve.

 

Ce qui m'intéresse le plus dans ce roman c'est l'étude psychologique du héros. Depuis sa précédente enquête (A la vue, à la mort) Lanester continue de consulter sa psychanalyste. Il constate que ce qu'il découvre dans cette affaire, certaines personnes qu'il rencontre, le perturbent. En parler à sa thérapeute lui permet d'avancer dans sa compréhension de ses réaction et dans la recherche des jeunes disparues. Françoise Guérin -j'apprends qu'elle est psychologue, ce qui ne m'étonne pas vraiment- mène tout cela de façon convaincante. Les personnages sont souvent amusants, le médecin légiste, bien sur, ou sympathiques, l'équipe de Lanester. Le dénouement de l'enquête m'a semblé crédible avec une ouverture sur des perversions noires.

 

Au total c'est un bon plaisir de lecture même si j'avais encore mieux aimé A la vie, à la mort. Un roman que j'ai souvent vu sur les blog récemment : Keisha, Dominique, avec toujours des avis positifs.

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21 juin 2013 5 21 /06 /juin /2013 12:37
Jussi Adler Olsen, Miséricorde, Le livre de poche

2002. Merete Lyyngaard, une jeune femme politique prometteuse, vice-présidente de son parti, future première ministre du Danemark ? disparaît sur un ferry en route vers l'Allemagne. Meurtre ? Suicide ? Accident? Merete a en fait été enlevée et est détenue dans une sorte de cave par des individus qui disent vouloir la punir. De quoi ?

 

2007. Carl Mørck est certes un enquêteur doué de la police criminelle de Copenhague mais depuis la récente fusillade en mission qui a coûté la vie à un de ses associés et gravement handicapé l'autre, il est devenu très agressif au travail. Ses collègues ont de plus en plus de mal à le supporter. La création du département V (la lettre, pas le chiffre romain 5), chargé de reprendre une dernière fois de grandes affaires non élucidées, est une bonne occasion de le mettre à l'écart en le nommant à la tête de ce nouveau service. Carl décide de commencer ses enquêtes par la disparition de Merete Lyyngaard.

 

Ce que j'ai apprécié : le duo que forment Carl Mørck et celui qu'on lui a attribué comme homme de ménage et chauffeur, le réfugié syrien Hafez el Assad. Rapidement, Carl s'aperçoit qu'en dehors du ménage Assad a de nombreuses compétences fort utiles pour son enquête. L'humour et le suspense qui fonctionne, grâce notamment à l'alternance de chapitres 2002 et 2007.

 

Ce qui me convainc moins : la machination montée contre Merete Lyyngaard. L'image qui est donnée de la classe politique du Danemark, composée de corrompus ou d'incapables (sauf Merete). Sinon l'évocation des lieux -le palais de Christiansborg- me fait penser à l'excellente série Borgen qui est passée sur Arte.

Le héros ne serait pas un peu misogyne ? A part Merete, peu de femmes semblent trouver grâce à ses yeux.

 

Mon bilan : lu dans ma chaise longue en profitant d'une -rare- journée de beau temps. C'est une lecture parfaite pour les vacances ou un week-end d'avant vacances.

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18 juin 2013 2 18 /06 /juin /2013 12:40
Herbjørg Wassmo, Le livre de Dina, t.3 Mon bien-aimé est à moi, Gaïa

Le tome 1.

Le tome 2.

Amoureuse de Léo Zjukovskij, Dina attends avec impatience ses retours à Reinsnes. Mais Léo veut garder son indépendance et ses secrets. Il va et vient à sa guise ce qui convient de moins en moins à Dina qui n'a guère l'habitude qu'on lui résiste. Ce dernier tome nous achemine petit à petit vers une fin qui m'a d'abord choquée mais qui, à la réflexion, me paraît tout à fait cohérente avec ce que je sais de Dina.

 

 

Il se passe plein de choses passionnantes dans ce volume. L'évolution des personnages mais aussi un aperçu sur l'histoire de la Norvège dont j'apprends qu'elle eut à souffrir de la guerre de Crimée car le commerce du Nordland avec la Russie par la mer Blanche fut interrompu ce qui rendit difficile l'approvisionnement en blé de la région.

 

Enfin, avant de terminer, il faut que je parle de l'écriture que je n'ai pas encore évoquée. J'ai été un peu surprise par le style au départ. Il est composé de phrases courtes, voire très courtes, parfois sans verbe. Ca donne parfois l'impression que ça saute du coq à l'âne. Mais tout cela est parfaitement maîtrisé et fait bien ressentir les sentiments tout en apportant un aspect poétique au texte. J'apprécie beaucoup :

"L'équipage était de bonne humeur. Il faisait un beau temps de retrouvailles. Chacun était perdu dans ses pensées. La mer frisottait et le ciel était parsemé de tâches de crème épaisse. La crème enrobait les montagnes sans pour cela empêcher un seul rayon de soleil de passer. Le long des criques et des pointes il y avait la forêt. D'un vert brillant après la pluie. Strandstedet, autour du lac Larsnesset, s'étirait paresseusement, et l'église était un géant blanc et familier dans tout ce vert et ce bleu."

 

Chaque chapitre est précédé d'un passage de l'ancien testament qui l'annonce. Dans ce volume, souvent le Cantique des Cantiques ("Mon bien-aimé est à moi") ou le livre de Job.

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15 juin 2013 6 15 /06 /juin /2013 14:48
Philippe Cavalier, Les ogres du Gange, Anne Carrière

Calcutta, septembre 1936. Peu de temps après son arrivée aux Indes, David Tewp, un jeune officier du MI 6 est chargé de surveiller une journaliste autrichienne, Ostara Keller, dont les services secrets britanniques se demandent si elle n'est pas en fait une espionne nazie. Le naïf Tewp ne se doutait pas de ce qu'il allait découvrir à l'occasion de cette mission : une femme sans nombril, un couple de Roumains mystérieux, Wallis Simpson qui s'adonne aux amours saphiques, des adeptes de la magie noire qui pratiquent envoutements et crimes rituels, un complot d'envergure... il y en a pour tous les goûts. Et la poursuite s'achève en URSS en 1945.

 

 

Un roman dans lequel interviennent l'Inde et les nazis ? L'idée de départ m'a tout de suite attirée, c'était fait pour moi. J'espérais bien y rencontrer Subhas Chandra Bose, un nationaliste hindou qui s'allia avec les nazis durant la seconde guerre mondiale, et en apprendre plus sur ce personnage. Et en effet, il apparaît bien, mais si rapidement. J'apprends cependant qu'à partir de soldats indiens de l'armée britannique capturés par les Allemands, il constitua une "Armée de l'Inde libre" qui fut incorporée à la Wehrmacht.

 

Au moins, avec tous ces éléments fantastiques, on ne devait pas s'ennuyer, d'autant plus que la quatrième de couverture nous promet un "suspense haletant". Et bien, pour moi c'est raté. Au début je trouve la lecture plaisante mais le rythme ne tient pas la distance et j'en arrive à sauter des pages et à la fin je n'en ai plus rien à faire de savoir qui sont vraiment les époux Galjero (le couple de Roumains) et ce qu'ils sont devenus. Pas de réponse à cette question car Les ogres du Gange est le premier épisode d'une série qui en compte quatre. Ce roman a été une vraie déception pour moi et je ne crois pas du tout que je lirai la suite.


 

A Chennaï (Madras) en 2005. L'apologie du nazisme s'étale sur le trottoir.

A Chennaï (Madras) en 2005. L'apologie du nazisme s'étale sur le trottoir.

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12 juin 2013 3 12 /06 /juin /2013 17:39
Arnaldur Indridason, La muraille de lave, Points

Sigurdur Oli est policier à Reykjavik. Son ami Patrekur lui demande d'intervenir pour aider son beau-frère et sa belle-soeur. Ceux-ci pratiquent l'échangisme et un couple avec qui ils ont eu des relations tente de les faire chanter. Patrekur espère que Sigurdur Oli saura convaincre les maîtres-chanteurs de renoncer. Quand il arrive chez eux, Sigurdur Oli trouve la femme, Lina, avec le crâne fracassé. Lui-même évite de peu d'être assommé à la batte de base-ball par un individu qui s'enfuit.



L'action se déroule juste avant la crise financière qui a frappé l'Islande en 2009 et l'enquête va amener Sigurdur Oli à s'intéresser à des employés de banque qui profitent de la bulle spéculative et sont prêts à beaucoup pour cacher leurs agissements pas toujours honnêtes..

 

Comme dans le précédent roman de cette série -et dont l'action se déroule manifestement en parallèle- le héros de cette affaire est un collaborateur d'Erlendur, ce qui permet de mieux faire connaissance avec lui. Sigurdur Oli n'est pas, à priori, un personnage très sympathique. Généralement incapable d'empathie, il considère que les marginaux sociaux avec qui il est amené à travailler -drogués, petits délinquants- sont entièrement responsables de leur sort et se cherchent des excuses quand ils invoquent les circonstances, une enfance difficile, par exemple. Pourtant, ses retrouvailles avec un clochard alcoolique, sa découverte de ce qu'il subit étant petit, vont l'amener à évoluer.

 

Jamais de mauvaise surprise avec Arnaldur Indridason. C'est encore une fois un roman que j'ai beaucoup apprécié.

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10 juin 2013 1 10 /06 /juin /2013 16:16
François Garde, Ce qu'il advint du sauvage blanc, Gallimard

En 1843, Narcisse Pelletier, un jeune matelot, est abandonné par accident sur une plage perdue d'Australie. Recueilli par une tribu aborigène, il s'accoutume petit à petit (au départ avec de très grandes difficultés) à leurs moeurs au point de devenir l'un des leurs et d'oublier sa langue maternelle. En 1861, Narcisse est "sauvé" par l'équipage d'un navire britannique, emmené à Sydney puis confié -quand il apparaît qu'il est Français- aux soins d'Octave de Vallombrun, aspirant explorateur qui n'a pas réalisé grand chose de concret jusqu'à présent.

"Inspiré d'une histoire vraie", nous dit-on en quatrième de couverture, ce roman alterne un chapitre de la difficile adaptation de Narcisse à sa nouvelle vie et un chapitre constitué par une lettre de Vallombrun au président de la Société de géographie de Paris auquel il narre l'évolution de son protégé. Au départ les héros ont tous les deux des idées préconçues très négatives sur les "sauvages". Pour ceux qui l'ont recueilli, Narcisse est le "sauvage blanc". Il était blanc et il est devenu sauvage, Vallombrun se donne pour mission d'en refaire un Blanc, comme si sauvage était une couleur de peau. En faisant mieux connaissance avec Narcisse, Vallombrun va évoluer au point de se poser des questions, assez dérangeantes pour son entourage, sur cette notion de civilisation. J'apprécie cette évolution du personnage.

 

Et Narcisse, il en pense quoi de ce qui lui arrive ? Cela nous ne le saurons pas car le récit concernant le matelot abandonné s'arrête au moment où il accepte sa nouvelle vie. C'est dont essentiellement un regard négatif d'homme blanc imbu de sa supériorité que nous avons sur la tribu aborigène. Et finalement Vallombrun m'apparaît comme un personnage plus complet et en fait c'est lui le véritable héros parce qu'il agit alors que Narcisse subit.

 

Je me suis posée beaucoup de questions sur la crédibilité de ce roman. Ce qui m'a interrogée c'est surtout l'aspect psychologique. Peut-on vraiment, même tout jeune, même en ayant reçu une scolarité limitée, même en ayant passé la moitié de sa vie dans un cadre totalement étranger à celui de ses origines, avoir tout oublié de sa langue maternelle et de sa famille ? François Garde donne l'explication d'une amnésie salvatrice qui préserve Narcisse de sombrer dans la folie. Soit.

 

Après lecture, en faisant des recherches sur ce roman, je suis tombée sur un texte de Stéphanie Anderson, anthropologue australienne, qui dit tout le mal qu'elle pense de l'image des Aborigènes qui est transmise ici. En effet, je pense que pour le moins, il est un peu malhonnête de laisser croire par "inspiré d'une histoire vraie" qu'on a affaire ici à quelque chose qui pourrait être une image de la réalité. Après le récit historique qui veut se faire passer pour un roman, le roman qui veut se faire passer pour un récit historique.

Malgré tout c'est un livre que j'ai plutôt apprécié. Maintenant il faudrait pouvoir lire le récit du vrai Narcisse Pelletier.

 

L'avis de Keisha, celui d'Aaliz.

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9 juin 2013 7 09 /06 /juin /2013 08:40
Herbjørg Wassmo, Le livre de Dina, t. 2 Les vivants aussi, Gaïa

Le tome 1 ici.

Après la mort de Jacob, son mari, Dina traverse une période mutique qui se termine à la naissance de son fils. Elle se décide alors à prendre en main la gestion du comptoir de Reinsnes et impose ses choix à son entourage : elle embauche une Lapone, Stine pour être la nourrice de son fils; elle s'affronte à Niels, le fils de Jacob, pour la maîtrise de la comptabilité. Elle est régulièrement visitée par les fantômes de ceux qui ont compté dans sa vie : Hjertrud, sa mère, Lorch, son professeur de violoncelle, Jacob. Elle fait la connaissance de Léo Zjukovskij, un voyageur russe qui séjourne au comptoir.

 

Je retrouve avec plaisir le personnage de Dina, menant sa vie comme elle l'entend, sans se soucier de ce qu'en pensent les autres, se comportant plus souvent en homme que comme on l'attend d'une femme. (Après le dîner, elle s'installe au fumoir avec ces messieurs, boit un coup et fume le cigare). J'aime aussi ce que je découvre de cette bourgeoisie qui dans son coin reculé du grand Nord joue du violoncelle, organise de somptueux festins pour Noël et reçoit à bras ouverts les visiteurs cultivés capables de parler littérature.

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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 13:11
Françoise Guérin, A la vue, à la mort, Le masque

Le commandant Eric Lanester enquête sur des crimes commis par un assassin en série. Les victimes ont eu les yeux arrachés puis elles ont été égorgées et un oeil a été peint au plafond au dessus du cadavre. Pour cette raison l'équipe de Lanester a surnommé le meurtrier Caïn ("L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn", Victor Hugo).

Soudain, sur la troisième scène de crime, Lanester se retrouve frappé de cécité. Les examens médicaux prouvent qu'il n'y a aucune explication physique à cet état : apparemment tout va bien. Et tandis qu'il entreprend une psychanalyse pour comprendre ce qui lui arrive, Eric Lanester continue son enquête tout en tentant de s'habituer à sa vie d'aveugle.

 

Quel bon moment j'ai passé avec ce roman que j'ai eu bien du mal à lâcher une fois commencé ! (Un peu avant la fin, quand même, pour faire durer le plaisir). Sous la pression de Caïn et avec l'aide de sa psychanalyste, Lanester exhume les fantômes de son enfance qu'il avait soigneusement enterrés. C'est intelligent et plein d'humour. De la même auteure je vois beaucoup circuler Cherche jeunes filles à croquer sur les blogs en ce moment. Nul doute que je le lirai très prochainement.

 

L'avis de Keisha.

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