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"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux"

Jules Renard

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17 février 2014 1 17 /02 /février /2014 15:51
Marc Dufumier, 50 idées reçues sur l'agriculture et l'alimentation, Allary éditions

"L'agriculture industrielle vend des produits bon marché. Faux, nous les payons en réalité très cher."

"Pour être compétitives, les régions françaises doivent se spécialiser. Faux, elles courraient à leur perte."

"L'agriculture artisanale est moins rémunératrice que l'agriculture industrielle. Faux, c'est même parfois l'inverse."

Marc Dufumier est un agronome de sensibilité écologique. Dans cet ouvrage il présente les méfaits de l'agriculture industrielle et les solutions alternatives.

"L'agriculture industrielle est une agriculture "minière". Elle exploite la terre sans régénérer la matière organique et les éléments minéraux qui la rendent fertile, tout comme l'industrie minière extrait les minéraux du sol sans les renouveler. Nous n'en mesurons probablement pas encore toutes les conséquences."

L'auteur préconise donc le développement d'une agriculture biologique ("On ne pourra pas nourrir la planète avec une agriculture 100% bio. Faux, même l'ONU reconnaît aujourd'hui que c'est possible, et souhaitable") et une alimentation moins riche en produits d'origine animale ("Nous mangeons trop de viande. Vrai, mais il faut quand même préserver l'élevage").

Voilà un ouvrage qui devrait intéresser ceux qui se sentent concernés par le contenu de leur assiette et ce que l'industrie agroalimentaire essaie parfois de nous faire avaler. Le système du vrai / faux avec la réponse développée et justifiée en deux ou trois pages fait que la lecture est facile et rapide.

Un livre lu dans le cadre de l'opération Masse critique de Babelio.

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12 février 2014 3 12 /02 /février /2014 15:31
Boris Akounine, AzazelBoris Akounine, Azazel

Boris Akounine, Azazel, France Loisirs (mais aussi chez 10-18)

 

Moscou, 1876. Un jeune homme élégant interpelle dans un parc une jeune fille, lui déclare sa flamme puis se brûle la cervelle sous ses yeux (heureusement elle les avait fermés). Le jeune fonctionnaire de 14° classe Eraste Petrovitch Fandorine, entré dans la police judiciaire depuis trois semaines, s'intéresse à certaines étrangetés de l'affaire et convainc son supérieur de le laisser mener l'enquête. Elle le mène à la fatale Amalia Bejetskaïa qui semble n'être pas totalement innocente dans cette histoire. Fandorine la poursuivra jusqu'en Angleterre où il découvrira un complot d'envergure mondiale. Pour faire éclater la vérité il devra déjouer les embuches d'ennemis prêts à tout et s'apercevra qu'il ne peut pas faire confiance à grand monde.

 

Après Le monde entier est un théâtre, j'ai eu envie de revenir au point de départ de la série. Je relis donc avec plaisir cette première aventure d'Eraste Petrovitch Fandorine. Ma première lecture remonte maintenant à une dizaine d'années mais je m'aperçois que j'en ai encore de bons souvenirs.

 

Fandorine est encore tout jeune (il n'a que 20 ans) et bien naïf ce qui permet à Boris Akounine de se moquer gentiment de lui. La fin est tragique cependant. Je ne pouvais pas l'avoir oubliée et elle m'a serré le coeur par anticipation.

 

"- Eh oui, eh oui. Au fait, comment t'appelles-tu ?

- Eraste.

- Allons-y, Eraste de Rotterdam, allons dans mon bureau boire du cognac. J'en ai soupé de ces sales gueules.

- Erasme, corrigea mécaniquement Fandorine.

- Quoi ?

- Pas Eraste, Erasme.

- Excuse-moi, j'avais mal entendu. Allons-y Erasme."

 

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10 février 2014 1 10 /02 /février /2014 09:26
Franck Thilliez, Atomka, Pocket

Le journaliste Christophe Gamblin est retrouvé assassiné à son domicile. Il a été torturé puis enfermé dans son congélateur où il est mort de froid. Franck Sharko et sa collègue et compagne Lucie Henebelle de la brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres sont chargés de l'enquête. Ils découvrent que le journaliste s'intéressait à des cas non résolus de jeunes femmes victimes d'hypothermie dix ans plus tôt. L'affaire mènera les héros jusqu'à Tchernobyl et il sera question d'horribles expériences sur des cobayes humains.

Avant Atomka, Sharko et Lucie ont déjà été les personnages de romans de Franck Thilliez que je n'ai pas lus. Je découvre donc qu'ils ont tous les deux un passé très douloureux. Ils ont eu des enfants, chacun de son côté, qui sont morts. Ils essayent d'en mettre un en route mais ils ne sont plus tout jeunes et c'est difficile. Dans un précédent ouvrage Sharko a traqué et abattu un tueur en série. Voilà que celui-ci semble avoir un disciple qui à son tour harcèle notre héros. C'est la deuxième enquête du roman.

Avec deux affaires pour le prix d'une ce thriller enchaîne les rebondissements et les coups de théâtre ce qui fait qu'il se lit facilement. Cependant j'en ai lu aussi des plus palpitants. Ce qui me gène un peu c'est le style, je ne le trouve pas très bien écrit.

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3 février 2014 1 03 /02 /février /2014 17:22
Svetlana Alexievitch, La fin de l'homme rouge ou Le temps du désenchantement, Actes sud

Svetlana Alexievitch interroge des personnes qui ont vécu le passage de l'URSS à la Russie. Ils témoignent du bouleversement de leurs vies qui en est résulté. Les entretiens de la première partie de l'ouvrage datent des années 1990, ceux de la deuxième partie des années 2000. L'auteur s'efface derrière ses témoins et les laisse raconter, passant par les épisodes de la vie quotidienne, la famille, pour dire l'histoire.

Parmi les personnes interrogées, nombreuses sont celles qui regrettent la grande URSS. Les cadres du Parti ont perdu leur position, les personnes âgées ont perdu leur retraite et ceux-là disent qu'au moins avant on était fier d'être Soviétique, que l'URSS était une des deux grandes puissances mondiales. Les camps de travaux forcés, le goulag, sont évoqués mais ne ternissent pas la nostalgie. Pourtant d'autres n'ont pas oublié la réalité du totalitarisme :

"Quand mon grand-père était revenu d'un camp du Kazakhstan en 1956, c'était un sac d'os. On avait dû lui donner un accompagnateur tellement il était malade. Et elles n'ont dit à personne qu'il était leur mari, leur père. Elles avaient peur... Elles disaient que c'était un étranger, un vague parent. Il a vécu avec elles quelques mois, et puis elles l'ont mis à l'hôpital. Là, il s'est pendu. Maintenant, il faut... il faut que j'arrive à vivre avec ça, avec ce savoir."

Ce qui me frappe aussi c'est l'importance de la seconde guerre mondiale, la grande guerre patriotique, comme événement fondateur autour duquel toute une propagande a été montée. Pendant 45 ans on a éduqué les enfants en leur donnant comme modèle le sacrifice des soldats russes. Mourir pour la patrie était le sort le plus doux. Aujourd'hui ceux qui ont grandi dans ce système se sentent en complet décalage face aux préoccupations matérialistes de leurs propres enfants.

La deuxième partie témoigne aussi des violences inter-ethniques qui ont marqué la dislocation de l'URSS, dans les états baltes, en Asie centrale, la guerre civile en Tchétchénie. C'est donc un ouvrage très riche qui aborde de nombreux sujets forts intéressants. Cela se lit plutôt facilement du fait de ces nombreuses histoires personnelles dont les narrateurs nous font part de leurs sentiments face aux événements qui les ont touchés.

Une blague soviétique pour terminer :

"Il y a un portait de Staline au mur, un conférencier fait un exposé sur Staline, un choeur chante une chanson sur Staline, un artiste déclame un poème sur Staline... Qu'est-ce que c'est ? Une soirée consacrée au centenaire de la mort de Pouchkine !"

L'avis de Dominique.

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1 février 2014 6 01 /02 /février /2014 17:50
Boris Akounine, Le monde entier est un théâtre, Presses de la cité

Moscou, 1911. Âgé maintenant de 55 ans, Eraste Petrovitch Fandorine a mis en oeuvre depuis plusieurs années un programme qui doit lui permettre de vieillir harmonieusement. C'était compter sans les surprises de la vie car, dès qu'il rencontre l'actrice Elisa Altaïrskaïa-Lointaine, sur laquelle la veuve de Tchekov lui a demandé de veiller, il en tombe amoureux. Mais, alors que la jeune femme a semblé d'abord répondre à ses sentiments, elle le fuit ensuite. Dans le même temps, plusieurs personnes qui gravitent autour du théâtre et de son actrice vedette sont assassinées les unes après les autres. Vu les circonstances, notre héros saura-t-il faire preuve du discernement nécessaire pour enquêter ? Rien n'est moins sûr.

Je lis avec grand plaisir, et dès la première page, le dernier roman de Boris Akounine. Fandorine en amoureux transi, aveuglé par ses sentiments, jaloux, est hilarant. L'actrice Elisa Altaïrskaïa-Lointaine est excellente aussi. Pour elle Le monde entier est un théâtre où elle joue son rôle. Et même si ses sentiments sont sincères, elle ne peut s'empêcher de se regarder agir et d'apprécier l'effet rendu. Ainsi alors qu'elle se remet à peine d'un choc sévère :

"Avec une rapidité inouïe (en une heure à peine), Elisa se refit une beauté, se changea, se parfuma et coiffa ses cheveux en un chignon serré. Toute cette activité lui redonna quelques forces. Le miroir, en tout cas, lui renvoya son reflet. Elle était pâle, certes, les yeux caves, mais allié à un velours bleu marine et un chapeau à larges bords, cet air maladif avait quelque chose d'intéressant."

 

Une lecture qui est un régal, comme toujours avec cet auteur. Et ça me donne envie de relire le premier épisode de la série.

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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 14:58
Johan Theorin, Froid mortel, Albin Michel

Jan Hauger, un instituteur d'une trentaine d'années, s'est fait embaucher à la maternelle la Clairière de Valla, près de Stockholm. Il s'agit d'une école particulière puisqu'elle est "jumelée" avec l'hôpital psychiatrique voisin de Ste Barbe (surnommé Ste Barge par les gens du coin). Les enfants scolarisés là ont un parent interné à Ste Barbe et les deux établissements sont reliés par un souterrain qui permet des visites encadrées des enfants à leurs parents. Jan semble très intéressé par la possibilité d'entrer dans Ste Barbe. Que cherche-t-il ? Qui circule la nuit entre les deux établissements ? Personnel ou patients ?

Dans ce roman l'auteur nous sort du cadre de l'île d'Öland qui était celui de ses trois précédents. L'inquiétude augmente en même temps que la possibilité d'une rencontre entre un malade dangereux -on sait dès le départ qu'ici est enfermé Ivan Rössel que les médias ont surnommé "le tueur d'enfants"- et un des petits scolarisés à côté. En même temps Johan Theorin fait passer l'idée que le pire n'est forcément sur car chacun peut aussi choisir une autre voie que celle qui apparait comme inévitable. Le suspense est maintenu jusqu'à la fin, une fois commencé, difficile de s'arrêter.

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14 janvier 2014 2 14 /01 /janvier /2014 15:02
Fabrice Nicolino, Bidoche, L'industrie de la viande menace le monde, Babel

L'industrie de la viande c'est tout le complexe agroalimentaire qui s'est développé autour de l'élevage industriel -porcs et poulets en batterie, par exemple. Fabrice Nicolino présente toutes les conséquences négatives de cette façon de produire de la viande.

Conséquences pour les animaux concernés qui ont une vie courte et pénible avant d'être abattus.

Conséquences écologiques : on détruit la forêt amazonienne pour planter du soja (OGM) qui est la base de l'alimentation de ces bêtes. "La France fait partie des principaux responsables de cette tragédie. Elle est en effet le premier consommateur européen de soja, principalement originaire du Brésil (22% du soja exporté du Brésil arrive en France)".

Par ailleurs un kilo de boeuf "coûterait" 15 500 litres d'eau à l'humanité. Il s'agit de l'eau qui a servi à faire pousser les végétaux qui ont nourri l'animal ajoutée à celle qu'il boit et à celle qui est nécessaire à son entretien.

Conséquences pour la santé humaine : dopés aux hormones et aux antibiotiques, veaux, vaches et cochons nous amènent à consommer toute une pharmacie. Des personnes allergiques aux antibiotiques peuvent faire une réaction en mangeant une côte de porc ! Alors, "les antibiotiques, c'est pas automatique" ? Quand on mange de la viande, si, semble-t-il.

Puis ces élevages où des milliers d'animaux sont concentrés sont l'endroit idéal pour que se développent des épidémies, transmissibles à l'homme, pourquoi pas, comme la grippe aviaire.

 

En France cette situation s'est mise en place dans les années 1970 grâce au travail main dans la main des pouvoirs publics et des entreprises de l'agroalimentaire. Aujourd'hui des responsables politiques (ministres, députés -des noms sont cités) continuent de couvrir des situations qui m'apparaissent scandaleuses. Il semble qu'il y a des cas où on est tellement embourbé qu'il est difficile de changer de direction. Je pense à la Bretagne, région en partie sinistrée écologiquement mais aussi économiquement par l'élevage intensif. Cet aspect de la complicité (ou de l'aveuglement ?) des politiques est un de ceux qui m'a le plus choquée. Une lecture instructive donc mais qui n'engage guère à l'optimisme.

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11 janvier 2014 6 11 /01 /janvier /2014 17:10
Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, Delcourt

Louise et Paul se marient juste avant la première guerre mondiale mais sont vite séparés quand le conflit éclate et que Paul est mobilisé. Paul est traumatisé par la violence des combats et la mort de ses camarades. Il déserte et rejoint Louise à Paris. Là, pour pouvoir sortir sans se faire arrêter, il se travesti en femme et vit maintenant sous l'identité de Suzanne. Petit à petit Paul prend goût à sa nouvelle situation intergenre tandis que Louise apprécie beaucoup moins la transformation de son mari.

Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, Delcourt

Voilà une intéressante bande dessinée qui traite des traumatismes de la guerre et de l'identité de genre. C'est inspiré d'une histoire vraie. Les dessins sont en noir et gris avec à l'occasion une touche de rouge. Les dix planches traitant de la vie de Paul dans les tranchées sont sur fond noir. Un chouette cadeau de Noël que Loupita m'a fait là. J'ai apprécié.

Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, Delcourt

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6 janvier 2014 1 06 /01 /janvier /2014 14:02
Andreï Makine, Le testament français, Folio

Le narrateur et sa soeur passent leurs vacances chez leur grand-mère, Charlotte, une Française, qui vit dans une petite ville de Sibérie, en bordure de la steppe. Elle leur raconte ses souvenirs de jeunesse, à la fin de 19° siècle et au début du 20°, leur parle des événements de l'époque -la visite du tsar Nicolas II, les inondations de 1910 à Paris- et leur lit des poèmes. Le français est pour le narrateur sa "langue grand-maternelle" et il reporte son amour pour Charlotte sur la langue et le pays d'origine de celle-ci.

Dans ce roman en partie autobiographique, Makine nous raconte sa relation à la France et à la culture française. Cette France c'est d'abord un pays uniquement fantasmé parce que lui-même n'y met les pieds qu'à l'âge adulte et que sa grand-mère l'a quittée depuis longtemps. A l'adolescence sa double culture lui sert d'abord à se distinguer des autres et à s'en protéger puis elle le gêne et il tente de la rejeter avant d'arriver à l'intégrer et de finalement s'installer en France.

 

Je relis Le testament français après une première lecture qui remonte à plus de dix ans et qui m'avait fait forte impression. A la relecture ce n'est plus l'éblouissement que j'avais ressenti alors mais je retrouve bien tout ce qui m'avais tant plu : l'écriture superbe, la nostalgie de cette France rêvée, la relation privilégiée du narrateur et de sa grand-mère.

 

"Neuilly-sur-Seine était composée d'une douzaine de maisons en rondins. De vraies isbas avec des toits recouverts de minces lattes argentées par les intempéries d'hiver, avec des fenêtres dans des cadres en bois joliment ciselés, des haies sur lesquelles séchait le linge. Les jeunes femmes portaient sur une palanche des seaux pleins qui laissaient tomber quelques gouttes sur la poussière de la grand-rue. Les hommes chargeaient de lourds sacs de blé sur une télègue. Un troupeau, dans une lenteur paresseuse, coulait vers l'étable. Nous entendions le son sourd des clochettes, le chant enroué d'un coq. La senteur agréable d'un feu de bois -l'odeur du dîner tout proche- planait dans l'air.
Car notre grand-mère nous avait bien dit, un jour, en parlant de sa ville natale :
-Oh ! Neuilly, à l'époque, était un simple village...
Elle l'avait dit en français, mais nous, nous ne connaissions que les villages russes.
"

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1 janvier 2014 3 01 /01 /janvier /2014 14:57
Bonne année 2014 !

Bonne année à toutes et à tous !

Des lectures, des échanges, de l'amitié et plein de bonheur !

 

Et voici mes titres préférés en 2013 :

Caron Aymeric, No steak, Fayard

Deville Patrick, Kampuchéa, Points

Gaskell Elizabeth, Les amoureux de Sylvia, Points

Wassmo Herbjørg, Cent ans, 10-18

 

 

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