• : Mon biblioblog
  • : Les livres que j'ai lus et que j'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou...pas du tout. Mes compte-rendus de lectures et commentaires personnels.
  • Contact

100_1067.jpg

"Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux"

Jules Renard

Recherche

13 octobre 2013 7 13 /10 /octobre /2013 09:26
Panagiotis Agapitos, Le luth d'ébène, Anacharsis

L'action se passe dans l'empire byzantin en 832. Léon, protospathaire (premier porte-glaive) de l'empereur Théophile, est envoyé à Césarée, aux limites de l'empire, pour négocier la paix avec le calife de Bagdad. A peine est-il arrivé sur place que la fille du juge local est enlevée, violée et assassinée. On découvre alors que trois autres jeunes filles ont disparu dans les mois précédents mais comme elles étaient d'origine modeste le juge n'a pas donné suite... Léon décide de mener l'enquête.

Ce roman policier intelligent a été un régal pour moi. J'en ai apprécié le style, l'ambiance et les personnages. L'ambiance est celle d'une ville à la frontière de deux mondes où les cultures byzantine et arabe se mélangent. Dans le formalisme es titres hiérarchiques innombrables, dans les relations entre les personnages, je retrouve un peu la même atmosphère que dans les aventures d'Artem le boyard. Si nous ne sommes pas tout à fait à la même époque, il s'agit d'une culture de même origine grecque.

 

Ce qui me frappe chez les personnages c'est la jeunesse de nombre d'entre eux. Le secrétaire de Léon a 16 ans, les officiers de sa garde la vingtaine. Quant à notre héros, il surprend son entourage pour être célibataire et sans enfant à 32 ans. Il paraît évident que maintenant, c'est trop tard pour lui.

 

Le roman est suivi d'une postface de l'auteur qui présente le cadre historique et ses sources. C'est intéressant et confirme qu'on a affaire à un érudit, ce dont je m'étais déjà doutée en lisant le livre.

Partager cet article

Repost0
24 décembre 2012 1 24 /12 /décembre /2012 15:29

medz-yeghern.jpgPaolo Cossi, Medz Yeghern, Le grand mal, Dargaud

 

Medz yeghern, le grand mal, c'est en arménien, le nom du génocide de 1915. La bande dessinée présente l'histoire de plusieurs personnages. Aram Olivyan, engagé volontaire, est laissé pour mort lors du massacre des soldats arméniens de son bataillon. Il est ensuite caché et sauvé par un Turc, Murat. Les circonstances amènent les deux jeunes gens à s'engager dans un groupe résistant qui combat les troupes turques sur le Moussa Dagh.

 

medzAprès avoir vu sa famille se faire massacrer, Sona Kechiyan a été entraînée dans une marche de la mort jusqu'à Alep. Les routes de ces trois personnages finiront par se croiser. L'auteur nous présente aussi les coulisses du génocide. Nous croisons ceux qui l'ont organisé et ceux qui ont essayé de lutter contre, notamment Armin T. Wegner (personnage réel) un soldat allemand qui a porté témoignage des massacres par la photographie. L'auteur évoque enfin le procès  de Sogomon Tehlirian, Arménien rescapé du génocide et qui assassina, à Berlin en 1921, Talaat Pacha, le ministre de l'intérieur du gouvernement jeune turc en 1915.

 

 

 

Medz Yeghern est donc un ouvrage très complet et intéressant sur le sujet. Les dessins en noir et blanc rendent bien compte de l'horreur des violences et des massacres.

Partager cet article

Repost0
1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 14:55

couv-musee-de-linnocenceOrhan Pamuk, Le musée de l'innocence, Gallimard

 

Kemal est amoureux de Füsun mais doit se fiancer avec Sibel. Kemal et Füsun vivent une courte liaison à laquelle Füsun met fin suite aux fiançailles de Kemal et Sibel. Kemal est très malheureux et trouve du réconfort au contact d'objets que Füsun a touchés. Après que Sibel ait rompu ses fiançailles avec Kemal ce dernier retrouve Füsun mais elle est mariée avec Feridun. Pendant huit ans Kemal va alors fréquenter très régulièrement le jeune couple qui vit chez les parents de Füsun. Pendant ces huit ans il emporte, très régulièrement aussi, à l'occasion de ses visites, des objets qui lui rappellent Füsun et qu'il entrepose dans l'appartement qui abrita leurs rendez-vous, au temps de leur liaison.

 

Le musée de l'innocence est l'histoire d'une obsession amoureuse. Kemal, le narrateur, ne peut pas et ne veut pas oublier Füsun. Pendant huit ans il se satisfait de la rencontrer en présence d'autres personnes, amis ou parents et toute sa vie est orientée vers ces rencontres, à un point qu'il en néglige sa famille et son travail. Kemal n'a aucune occasion d'intimité avec Füsun et est donc amener à imaginer ce que peuvent signifier des paroles, des gestes, des regards qu'il interprète comme des encouragements à son amour.

 

C'est un ouvrage très nostalgique ("C'était le moment le plus heureux de ma vie, je ne le savais pas." -première phrase du roman) et l'écriture d'Orhan Pamuk sert particulièrement bien cette nostalgie. J'aime particulièrement le chapitre "Parfois" qui liste les petits moments de bonheur passés par Kemal dans la famille de Füsun :

 

"Parfois, nous restions assis sans rien faire. Parfois, tout comme nous, Tarιk Bey s'ennuyait devant la télévision et lisait son journal du coin de l'oeil. Parfois, une voiture descendait bruyamment la côte en klaxonnant; à ce moment-là, nous nous taisions et tendions l'oreille jusqu'à ce qu'elle soit passée. Parfois, il pleuvait et nous écoutions le bruit des gouttes sur les vitres. Parfois, "Comme il fait chaud !" disions-nous. Parfois, Tante Nesibe oubliait sa cigarette dans le cendrier et en allumait une autre dans la cuisine. Parfois, je parvenais à contempler la main de Füsun quinze ou vingt secondes d'affilée sans que personne ne s'en aperçoive, et je m'éprenais encore plus d'elle (...)"

 

En même temps j'avoue que l'inertie du narrateur pendant ces huit ans m'a un peu pesée et que j'ai parfois trouvé le temps long.


Il y a aussi une peinture de la vie de la bourgeoisie occidentalisée d'Istanbul au milieu des années 70 que je trouve très intéressante. A ce moment Füsun souhaite devenir actrice de cinéma et espère que Kemal pourra financer ses débuts. Nos héros étudient alors les rouages de la censure, fréquentent les cinémas populaires en plein air. L'arrière-plan politique est celui d'une époque troublée où les affrontements meurtriers entre l'extrême droite et l'extrême gauche ne cessent qu'à l'occasion d'un coup d'état.

 

A la fin Kemal décide d'ouvrir un musée pour tous les objets qu'il a accumulés pendant des années. Il engage Orhan Pamuk (personnage de son propre roman !) pour qu'il rédige son histoire qui devra servir de catalogue à son musée. Le musée de l'innocence se veut donc le catalogue du musée de l'amour de Kemal pour Füsun. Dans la réalité Orhan Pamuk vient d'ouvrir à Istanbul, en avril 2012, ce musée qu'il avait en projet depuis la rédaction du roman en 2006. J'ai découvert tout ceci dans un article du Monde du 28 avril 2012 et c'est ce qui m'a donné envie de lire ce livre. Je n'avais encore jamais rien lu de Pamuk. Cette lecture me donne envie de continuer ma découverte de l'auteur et de retourner à Istanbul. Pour visiter le musée de l'innocence, il faudrait apporter le livre.

Partager cet article

Repost0
20 février 2012 1 20 /02 /février /2012 17:46

hecatombe.JPGMehmet Murat Somer, Hécatombe chez les élues de Dieu, 10-18

 

 

 

A Istanbul un tueur en série assassine des travestis portant des prénoms de prophètes en s'inspirant de l'histoire des prophètes en question (Jonas est noyé). Le narrateur, gérant d'un club de travestis sous son identité féminine, informaticien sous son identité masculine, mène l'enquête.

 

 

 

Cela me fait penser à Millénium chez les Turcs, le suspense en moins. C'est sympathique et pas déplaisant à lire mais l'enquête policière offre bien peu de surprises et le roman ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable.

Partager cet article

Repost0
28 décembre 2011 3 28 /12 /décembre /2011 18:07

sangAnne Perry, Du sang sur la soie, 10-18

 

En 1273, Anna Lascaris, jeune veuve originaire de Nicée, médecin, arrive à Constantinople. Son frère jumeau, Justinien, qui y vivait, a été accusé de meurtre et condamné à l'exil dans un monastère du Sinaï. Anna ne peut croire à la culpabilité de Justinien et veut prouver son innocence. Pour mener l'enquête en toute discrétion, elle s'installe à Constantinople sous l'identité d'Anastasius Zaridès, médecin eunuque, ce qui lui permet de cotoyer et de soigner aussi bien des femmes que des hommes.

 

Avec ce gros roman (près de 1000 pages) c'est une fresque qui s'étale sur 10 ans (1273-1282) qu'Anne Perry nous présente. Au 13° siècle l'empire byzantin entame son déclin après le sac de Constantinople par les croisés en 1204. La ville a alors été pillée de toutes ses richesses et des reliques qui y attiraient les pélerins. Elle a perdu une source de revenus importante.

 

En 1273, quand l'histoire commence, le prince de Sicile, Charles d'Anjou, envisage de mener une nouvelle croisade. Il s'agit de délivrer Jérusalem des musulmans et au passage de prendre une nouvelle fois Constantinople pour rentrer dans ses frais. Car la croisade apparait ici comme étant aussi une opération commerciale. Son organisation coute cher. Il faut disposer d'une flotte importante. Seuls les chantiers navals de Venise peuvent construire suffisamment de navires. Les Vénitiens interviennent donc en faveur de la croisade.

 

A Constantinople l'empereur Michel Paléologue est conscient du danger qui le menace. Pour le contrer il envisage de s'allier avec Rome en mettant fin au schisme religieux. Si les orthodoxes devenaient catholiques ils seraient alors protégés par le pape. Mais il existe aussi un parti qui ne veut pas de cette union. Pour eux les Latins sont des barbares avec leur foi simpliste. Les factions s'opposent donc, complotent, cherchent des alliances pour convaincre le peuple et l'empereur.

 

Rome est aussi le lieu d'intenses luttes de pouvoir. Tout dépend qui est le pape (en 1276, quatre se succèdent sur le trône de Saint Pierre). Les Italiens sont pour la réunification des deux Eglises mais les Français sont du côté de Charles d'Anjou et Martin IV excommunie l'empereur Michel Paléologue en 1281. Il semble alors que le prince de Sicile ait la voie libre.

 

C'est sur ce fond historique fourni que l'auteur place les personnages de son roman. Ils sont nombreux mais comme l'histoire s'étale sur la durée on a le temps de faire leur connaissance. L'aspect psychologique est fouillé. Comme toujours chez Anne Perry on se pose beaucoup de questions sur la morale. Il y a aussi une charmante histoire d'amour. J'ai trouvé le résultat passionant et j'ai dévoré ce livre qui m'a donné envie d'en apprendre plus sur cette période.

Partager cet article

Repost0
30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 16:09

petits enfantsAyse Gül Altinay et Fethiye Cetin, Les petits-enfants, Actes sud

 

Le livre de ma grand-mère où Fethiye Cetin racontait sa découverte de ses origines arméniennes et l'histoire de sa grand-mère a eu, nous dit-on, un fort retentissement en Turquie. Sa lecture a amené un certain nombre de Turcs à s'interroger sur leurs origines et, éventuellement, à découvrir l'existence d'ancêtres arméniens. Les petits-enfants est un recueil d'entretiens avec 24 Turcs ayant des origines arméniennes. Ils disent comment ils l'ont appris, ce que ça a changé pour eux, comment ils vivent leur situation dans la Turquie d'aujourd'hui qui nie toujours le génocide des Arméniens. En lisant ces témoignages j'ai eu le sentiment de comprendre un peu la mentaité turque.

 

Je découvre que dans l'est du pays beaucoup de familles ont des origines arméniennes. D'abord il y avait des unions mixtes ensuite, pendant le génocide, des jeunes filles ont été prises comme épouses, des enfants, plus souvent des filles, ont été recueillis et adoptés. Ces convertis à l'islam ont parfois gardé des relations avec des membres de leur famille dans la diaspora arménienne.

 

Les témoignages sont suivis d'une analyse par Ayse Gül Altinay, sociologue, qui s'interroge sur le silence qui recouvre les survivants arméniens. Pourquoi leur existence a-t-elle été éludée, autant par les Turcs que par les Arméniens ? Des réponses très convainquantes sont proposées par des universitaires féministes. Les survivants sont majoritairement des femmes (et des enfants) définis par rapport aux hommes auxquels elles "appartiennent". Ces femmes ne sont pas considérées comme protagonistes de l'histoire mais confondues dans la masse des victimes du génocide et elles "disparaissent".

Une autre explication c'est, du côté turc, le mythe de la pureté ethnique et du côté arménien, la difficulté à ne pas mettre tous les Turcs dans le même sac, responsables en bloc des massacres.


C'est le genre de livre dont la lecture donne l'impresion d'être plus intelligent. Je l'ai trouvé passionant.

Partager cet article

Repost0
2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 10:35

 

gardel.jpgLouis Gardel, L'aurore des bien-aimés, Seuil

 

L'aurore des bien-aimés est l'histoire d'amitié entre Soliman le Magnifique, sultan de l'empire ottoman de 1520 à 1566 et Ibrahim, un esclave grec qui devint grand vizir. Soliman et Ibrahim se rencontrent alors qu'ils ont une vingtaine d'années et deviennent vite comme des frères. Cette amitié dura des années, les amena à exercer conjointement le pouvoir et se termina de façon dramatique. L'autre intime de Soliman est Hürem ou Roxelane, sa concubine devenue sultane.

 

Avec des personnages aussi extraordinaires voilà un roman qui aurait pu être passionant. C'est raté hélas et je le trouve plutôt mal écrit. Je découvre (ou redécouvre) cependant le personnage de Soliman, conquérant de territoires en Europe de l'est et en Anatolie. Il s'opposa à Charles Quint et traumatisa l'Europe en s'avançant jusqu'à Vienne.


 

soliman.jpg

Depuis janvier la télévision turque diffuse une série sur la vie de Soliman qui a fait grand scandale auprès des intégristes car on y voit le sultan buvant et couchant. En attendant il semble que le public soit au rendez-vous.

 

DSCN4595.JPG

 

DSCN4596.JPG

 

DSCN4600.JPG

 

DSCN4614.JPG

Au palais de Topkapi, résidence des sultans


Partager cet article

Repost0
20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 08:54

aziyadePierre Loti, Aziyadé, Le livre de poche

 

En 1876, Loti, un jeune officier de marine britannique vit à Istanbul une histoire d'amour avec Aziyadé, une toute jeune femme, dernière épouse d'un vieil homme riche. Pour s'installer avec elle sans attirer l'attention, Loti a quitté le quartier de Péra où vivent les Européens et est allé habiter à Eyoub, lieu de pélerinage pour les musulmans. Il a pris le costume turc, appris la langue et s'y fait passer pour Arif-Effendi. Il s'est lié à Samuel, un Grec et Achmet, un jeune Stambouliote qui sont à la fois ses amis et ses domestiques. Ayant beaucoup voyagé, Loti est à 27 ans un personnage désabusé qui affirme ne croire ni en l'amitié ni en l'amour. Commencée par désoeuvrement, par attrait du risque et rejet des convenances, sa relation avec Aziyadé le mènera beaucoup plus loin qu'il ne l'avait imaginé.

 

J'ai bien aimé cette histoire au rythme lent qui fait bien ressentir l'état d'esprit du narrateur. Elle se présente sous forme de paragraphes généralement courts qui sont des souvenirs de Loti, parfois un peu disparates. Il y a aussi des lettres que Loti échange avec sa soeur ou des amis. Ce que j'ai a reprocher à l'auteur c'est le conformisme de Loti quant il s'agit de juger ses inférieurs et sa facilité à verser dans le racisme : un juif prêt à vendre son fils, une négresse comparée à un macaque.

 

Aziyadé est en fait en grande partie autobiographique. Pierre Loti s'inspire fortement de sa relation avec une femme turque pour écrire ce roman. Comme je l'ai lu durant mon séjour en Turquie j'en ai profité pour aller faire un tour à Eyüp, le quartier où vivait Pierre Loti et où il situe l'action d'Aziyadé.

 

DSCN4794.JPG

Un quartier tranquille avec de vieilles maisons en bois

DSCN4796.JPGUn coin du sanctuaire, lieu de pélerinage

DSCN4799.JPG

Eyüp se trouve au pied d'une colline sur laquelle il y a un cimetière

DSCN4798.JPG

d'en haut on a une belle vue sur la ville et la Corne d'or.

Partager cet article

Repost0
16 mai 2011 1 16 /05 /mai /2011 14:20

Je reviens de deux semaines de vacances en Turquie. Quelques photos de mes découvertes :

 

A Istanbul : Istanbul est une ville très touristique. Fin avril-début mai le vieux quartier de Sultanahmet est déjà plein de touristes et je pense qu'en pleine saison ça doit être parfois un peu pénible. Comme souvent dès que l'on s'éloigne un peu des circuits les plus courrus on est plus tranquille.DSCN4793

DSCN4587.JPG

La mosquée bleue

DSCN4616

Beaucoup de vieilles maisons en bois. Certaines tombent en ruines.

DSCN4579.JPG

DSCN4640.JPG

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DSCN4642.JPG

Dans le bazar.

DSCN4669

 

A Ankara : Ankara attire moins les touristes. Du coup les prix sont divisés par deux et personne ne parle anglais (ou français). Nous y avons retrouvé notre fille qui y séjourne depuis 9 mois. Elle a pu nous faire la traduction.

DSCN4722.JPG

DSCN4735.JPG

DSCN4742.JPG

Le mausolée d'Atatürk. On lui voue encore un véritable culte.

 

A Safranbolu : C'est un charmant village situé à trois heures de route au nord d'Ankara où nous avons passé deux jours. Loin des grandes villes nous avons apprécié le calme.

DSCN4785.JPG

DSCN4761.JPG

Partout des fontaines géantes, des maisons à colombages et des rues pavées.

DSCN4760.JPG

Partager cet article

Repost0
3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 14:31

montYachar Kémal, La légende du Mont Ararat, Gallimard

 

Un jour, un cheval s'arrête devant la porte du berger Ahmet. Selon la tradition c'est un don de Dieu et Ahmet doit garder le cheval. Il n'a pas le droit de le rendre à son propriétaire. Mais le cheval appartient à Mahmout Khan, un pacha sûr de son autorité. Il fait jeter Ahmet en prison. Il sera exécuté si le cheval n'est pas rendu. Gulbahar, la fille de Mahmout Khan, tombe amoureuse d'Ahmet. Son amour pourra-t-il sauver le jeune homme ?

 

Le Mont Ararat se situe tout à fait à l'est de la Turquie. Dans cette légende il est un personnage à part entière, se mettant en colère contre ceux qui le défient. A ses pieds s'affrontent deux volontés inflexibles. Les actes d'Ahmet sont guidés par la tradition. Sa marge de manoeuvre est étroite : il y a des choses qu'on NE PEUT tout simplement pas faire ou qu'on DOIT faire. C'est comme ça. En face, le pacha est très isolé. Nombreux sont ceux qui réprouvent ses exigences. Mais il est puissant.

 

Face au despotisme qui ne connaît que sa volonté, la tradition c'est au moins une forme de loi. Mais moi la tradition, je n'aime pas trop non plus. J'aime mieux un peu de libre arbitre. Alors bien sûr, c'est une légende, il y a la fatalité qui intervient, un amour très romantique. Quand même je n'ai pu m'empêcher de trouver que les relations étaient pas mal régies par la rigueur ou la violence. Il reste que c'est écrit de façon très poétique. J'ai particulièrement apprécié les descriptions de paysages de montagne, dont celui sur lequel le roman débute :

 

"Il est un lac sur le flan du Mont Ararat, à quatre mille deux cents mètres d'altitude. On l'appelle le lac de Kup, le lac de la Jarre, car il est extrêmement profond, mais pas plus grand qu'une aire de battage. A vrai dire, c'est plus un puits qu'un lac. Il est entouré de toutes parts par des rochers rouges, étincelants, acérés comme la lame du couteau. Le seul chemin menant au lac est un sentier, creusé par les pas dans la terre battue, moelleuse, et qui descend, de plus en plus étroit, des rochers jusqu'à la rive. Des plaques de gazon vert s'étalent çà et là sur la terre couleur de cuivre. Puis commence le bleu du lac. Un bleu différent de tous les autres bleus; il n'en est pas de semblable au monde, on ne le trouve dans aucune eau, dans aucun autre bleu. Un bleu marine moelleux, doux comme le velours."

ararat.jpg

L'avis de Katell.

Partager cet article

Repost0