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Les livres que j'ai lus et que j'aime un peu, beaucoup, passionnément, à la folie ou...pas du tout.
Mes compte-rendus de lectures et commentaires personnels.
En se réveillant un matin, Hanna, trois ans, constate qu'elle est seule à la maison. Où sont passés maman et son petit frère ? En attendant que quelqu'un vienne à son secours, la petite fille dégourdie va mettre tout en oeuvre pour survivre dans le milieu hostile qu'est l'appartement familial pour une enfant de son âge.
Pendant ce temps, à l'extérieur, la vie continue pour l'équipe du commissariat d'Hammarby à Stockholm. On a retrouvé une femme morte dans un parc et à côté un bébé en hypothermie dans sa poussette. Une jeune fille a été étranglée dans les toilettes d'un ferry entre la Suède et la Finlande. Surtout Carin Gerhardsen fait vivre leur vie à ses personnages et tout ce que j'avais considéré comme "sujets annexes" dans La maison en pain d'épices et qui m'avait pesé, prend ici tout son sens et cette fois j'apprécie. Je lirai certainement la suite.
J'apprécie aussi la description de Stockholm qui m'apparaît, en dehors du cadre sordide des enquêtes, comme une ville agréable avec des parcs, des jardins ouvriers, des maisons en bois. Enfin le suspense est maintenu jusqu'à la fin sur le sort de la petite Hanna. Un livre que j'ai dévoré.
A Stockholm, une vieille dame qui rentre de l'hôpital trouve un homme mort dans sa cuisine, Hans Vannerberg, 44 ans. Il a été assassiné. C'est l'inspecteur Conny Sjöberg et son équipe qui mènent l'enquête. Il leur faut un certain temps avant de réaliser que trois autres meurtres de personnes de 44 ans, dans des conditions de plus en plus violentes, sont liés à celui de Hans Vannerberg : toutes les victimes étaient autrefois dans la même classe de maternelle.
Voilà un livre dont le principal défaut est son style platement descriptif qui peine à me faire éprouver des sentiments. Et pourtant ce n'est pas faute d'essayer. Scènes d'amour familiales, amitié entre collègues, indifférence à la souffrance d'autrui, racisme quotidien, viol, les sujets annexes à l'enquête sont nombreux -et pas toujours présentés de façon très habile (on a même droit à un exposé sur la guerre au Liban) mais cela me laisse froide.
Ceci dit j'ai quand même lu ce livre jusqu'à la fin et assez rapidement encore. Ce qui m'a tenue c'est le suspense et l'envie de connaître le coupable puisque la quatrième de couverture nous informe dès le départ que ce n'est pas celui qui apparaît comme évident.
L'inspecteur Fin Macleod de la police d'Edinbourg est envoyé en mission sur son île natale de Lewis, au nord de l'Ecosse, car un meurtre vient d'y être commis avec
un mode opératoire semblable à une affaire sur laquelle il avait enquêté. Fin n'a pas mis les pieds sur Lewis depuis qu'il l'a quittée 18 ans plus tôt pour étudier à l'université. Il ne souhaite
pas y retourner mais son fils de 8 ans vient de mourir accidentellement, il en tient sa femme pour responsable et il veut s'éloigner d'elle. Son retour à Lewis va être l'occasion de se remémorer
un passé auquel il a soigneusement évité de penser depuis tout ce temps.
Le roman alterne des chapitres sur l'enquête en cours et des chapitres sur l'enfance et l'adolescence de Fin. Alors c'est Fin le narrateur tandis que quand il
s'agit des événements contemporains on a affaire à un narrateur extérieur. Les retrouvailles du policier avec d'anciennes connaissances, son meilleur ami, son premier amour, entraînent le retour
de souvenirs passés et on comprend rapidement que c'est par là que se cache la raison qui l'a tenu éloigné de Lewis.
Lewis
Qu'est-ce que c'est que cette île des chasseurs d'oiseaux ?
A 100 kilomètres de Lewis se trouve un îlot rocheux, An Sgeir, sur lequel viennent nicher des fous de Bassan. Chaque été un petit groupe d'hommes de Lewis part
chasser les gugas, les oisillons de fou. Pendant deux semaines ils vivent à la dure sur l'îlot, font un grand massacre de gugas sur les falaises (aujourd'hui limité à 2000 pièces par la loi), les
plument, les salent et les ramènent à Lewis où ils passent pour un met de choix. Autrefois leurs ancêtres faisaient cela pour sauver leurs concitoyens de la faim. Aujourd'hui c'est devenu une
sorte de rite d'initiation pour les jeunes gens qui y sont admis, comme Fin lors du dernier été qu'il passa à Lewis. La tradition veut que ce qui se passe à An Sgeir reste à An Sgeir. Les
participants forment une confrérie soudée qui ne révèle rien des moments vécus ensemble. Et manifestement il s'est passé quelque choses de grave cet été là.
An Sgeir
J'ai bien aimé ce roman où on découvre petit à petit les drames qui hantent le passé de Fin Macleod jusqu'au dernier, le plus terrible, dont la révélation nous est
assenée à la toute fin. J'ai trouvé le suspense bien mené et la chute pas décevante. Par contre, ce qui me gêne un peu c'est justement la succession de malheurs qui frappent le héros. J'ai trouvé
que ça faisait un peu trop pour le même homme. J'ai apprécié la description du cadre de vie rugueux de l'île de Lewis, battue par la mer et le vent. L'ambiance m'a fait penser à celle de
l'Islande telle qu'elle est décrite dans les romans d'Arnaldur Indridason. Peut-être un peu plus confinée à Lewis.
Au nord du cercle polaire, Kautokeino est une petite ville de la Laponie norvégienne, aux confins de la Suède et de la Finlande, pas très loin de la Russie. Klemet
et Nina y sont employés à la police des rennes, chargée de régler les conflits entre éleveurs. L'enquête qui se présente à eux sort de l'ordinaire : successivement un rare tambour de chamane a
été volé et un éleveur assassiné.
Ce passionant roman policier m'a fait voyager dans une région quasiment inconnue pour moi, le grand nord scandinave. Il y avait beaucoup à découvrir :
Le milieu d'abord, étendues glacées, aurores boréales et nuit polaire. L'action se déroule en janvier avec des durées d'ensoleillement de 27 minutes à 5 heures par
jour. Ce cadre m'apparaît comme à la fois magnifique et effrayant.
Surtout l'histoire des Sami, dernier peuple aborigène d'Europe. Ils ont été christianisés violemment au 17° siècle par des pasteurs luthériens, notamment par des
laestadiens, une secte rigoriste encore implantée dans la région. Aujourd'hui il existe un parti nationaliste norvégien qui veut les priver de leurs droits traditionnels. Il y a par exemple des
conflits entre les éleveurs et les amateurs de scooter des neiges du week-end qui n'acceptent pas que l'on restreigne leurs loisirs en période de reproduction des rennes. L'un des personnages
antipathiques du roman est un flic raciste qui trouve que les Sami se croient tout permis. Son raisonnement me fait penser à celui des cow-boys face aux Indiens.
Mais attention, l'auteur ne nous fait absolument pas un cours. Toutes ces très intéressantes informations sont amenées de façon naturelle par le biais de l'enquête
policière qui fait remonter à la surface les épisodes douloureux de la colonisation du peuple sami. Une enquête qui est fort bien menée elle aussi, qui démarre doucement pour petit à petit
devenir palpitante. Bientôt le livre est difficile à lacher.
Dans le petit village de Three Pines, à une heure de route de Montréal, juste avant Thanksgiving, Jane Neal, institutrice à la retraite est retrouvée morte. Elle a
été tuée par une flèche (on chasse à l'arc au Québec). S'agit-il d'un accident de chasse ou d'un meurtre ? L'inspecteur-chef Armand Gamache, dépêché de Montréan, s'installe à l'auberge du village
avec son équipe.
J'ai beaucoup aimé ce roman. L'intérêt s'installe doucement et il faut un peu de temps pour que cela démarre mais une fois que j'ai été prise j'ai eu du mal à le
lacher avant la fin. Pour moi l'intérêt principal réside dans l'analyse psychologique des personnages que j'ai trouvés très justes. Les protagonistes sont amenés à se poser des questions sur ce
qui les fait agir et réagir, on suit leurs pensées et on pourrait très bien se mettre à leur place. J'ai particulièrement apprécié Clara Morrow, meilleure amie en deuil de la victime et Yvette
Nichol, jeune stagiaire sous les ordres de Gamache, imbue d'elle-même et tellement anxieuse de donner une image positive qu'elle en accumule bêtise sur bêtise.
L'enquête policière aussi est bien menée avec un suspense maintenu jusqu'à la fin et une chûte qui ne me déçoit pas. Enfin il y a le cadre sympathique de ce village
bobo de la couronne périurbaine de Montréal, essentiellement peuplé par des "Anglos". Nature morte est le premier d'une série policière qui en compte déjà trois. Aucun doute que
je m'intéresserai de nouveau aux enquêtes d'Armand Gamache.
Trois personnalités se suicident successivement de manière publique : un homme d'affaires, un député et un journaliste télé. Le commissaire Kostas Charitos ne croit
pas à une coïncidence. En congé maladie après une blessure reçue dans l'exercice de ses fonctions il reprend officieusement du service pour percer le mystère de ces morts spectaculaires.
L'affaire se déroule à la veille des jeux olympiques. Athènes est en ébullition. A la fois parce que c'est la canicule et parce que l'on se demande si les
installations seront prêtes à temps. En attendant, les nombreux chantiers dans la capitale rendent la circulation particulièrement pénible surtout pour qui, comme le commissaire Charitos, n'a pas
la climatisation dans sa voiture. Le commissaire est un personnage sympathique qui se querelle régulièrement avec son épouse Adriani d'autant plus que celle-ci, fine cuisinière, prétend, sous
prétexte de sa convalescence, le priver des légumes farcis dont il est friand. L'enquête est donc bien venue pour échapper à l'emprise d'Adriani.
Le journal Le Monde a publié en août 2012 une série sur la crise en Europe vue par les auteurs de romans policiers. L'article sur le Grec Petros Markaris (15 août
2012) a plus particulièrement attiré mon attention. Il était particulièrement sévère sur la façon dont son pays est géré. Dans ce roman il nous présente la fraude fiscale comme un sport national
: "Tout Grec se respectant qui ne soit pas intimement convaincu que le Trésor public le plume comme une volaille et n'éprouve pas le besoin de lui rendre la monnaie de sa pièce est soit un
fou furieux soit un Bulgare."
Il est aussi question de subventions européennes détournées et d'un groupuscule nationaliste xénophobe.
Une façon agréable de découvrir de l'intérieur un pays dans lequel un séjour touristique ne permet que de voir la surface.
Patricia Parry,
Cinq leçons sur le crime et l'hystérie, Seuil
Toulouse, un congrès international de psychiatrie réunit les pontes de la profession notamment Jacques Berger, médecin à succès depuis qu'il a écrit à quatre mains
avec son patient Chris Vaugeois, célèbre acteur, un best seller sur les troubles bipolaires. Mais voilà qu'avant même la première conférence Chris Vaugeois est retrouvé assassiné dans les
toilettes pour dames, un mouchoir sur le visage, une plaie au côté et une poutre le long du corps.
Peu après le meurtre, Anne Faure, jeune médecin psychiatre, est la destinataire d'un mystérieux cahier, rédigé en 1938 par un certain Jacob Bloch. Bloch y raconte
comment, jeune étudiant dans le service du professeur Charcot à la Salpêtrière en 1885, il a sympathisé avec Sigmund Freud, venu à Paris pour assister aux leçons du maître sur l'hystérie. Bloch
et Freud sont appelés à l'aide par Charcot pour élucider une série de meurtres. Les victimes ont été l'objet d'une mise en scène : plaie au côté et poutre le long du corps.
Ce roman me laisse une impression mitigée. J'ai apprécié les aller-retour entre la fin du 19° siècle et le début du 21° et j'ai trouvé qu'il y avait un peu de
suspens sans que cela soit hyper palpitant. Par contre je ne suis pas convaincue par la chute. Une constatation amusante : de nombreux protagonistes de cette histoire sont des médecins
psychiatres et parmi eux un nombre non négligeable de malades. L'auteure, qui est elle-même médecin psychiatre, doit savoir de quoi elle parle, j'imagine.
Un prince saoudien assassiné dans sa résidence de Ryad. Une équipe de barbouzes iraniens massacrée en plein Paris. Une artiste algérienne menacée pour ses oeuvres
jugées blasphématoires contre l'islam. Un même personnage relie toutes ces affaires : Michaël de Maistre, alias Renaud le Diable, mercenaire au service d'une compagnie militaire privée, la
Central Warriors. Electron libre il projette de se servir des moyens que son employeur met à sa disposition pour assouvir une vengeance personnelle en renversant la dynastie des Saoud.
Quand le président de la république française demande à Serge Sarfaty (le héros du Testament syriaque) d'aller prêter secours à la police saoudienne dans l'enquête sur la mort du
prince, il n'est pas du tout enchanté car il exècre ce régime totalitaire. Bientôt les circonstances ne lui laissent plus vraiment le choix.
La lecture d'Arabian thriller m'a un peu déçue. Pourquoi ?
- Après avoir lu deux excellents ouvrages de Barouk Salamé mes attentes étaient grandes.
- L'intrigue est lente à démarrer. Il y a de longs passages où les personnages attendent et moi aussi. Puis à la fin l'action se précipite et pour le coup ça se
termine de façon un peu abrupte.
Ca reste quand même très lisible avec plein de choses intéressantes. Lesquelles ?
- Des informations pointues sur l'histoire de l'Arabie et de la Mecque, les origines de la Kaaba, l'arrivée au pouvoir de la dynastie des Saoud.
- L'occasion de réfléchir aux façons d'agir des services secrets et des armées privées, au rôle des grandes puissances dans la situation du proche-orient.
A Tombouctou le journaliste Paul Mesure a mis la main sur un très vieux livre écrit en syriaque datant apparemment des origines de l'islam. De retour à Paris Paul
prend des contacts dans l'espoir de négocier son codex à bon prix. Mais voilà que des personnes qui le côtoient sont assassinées sauvagement. Que cache donc ce manuscrit ? L'enquête de police est
confiée à Serge Sarfaty (dont l'enfance est racontée dans Une guerre
de génies, de héros et de lâches), le "commissaire-philosophe", historien des religions spécialisé dans l'islam.
Ah que voilà un excellent ouvrage ! J'ai tout apprécié dans Le testament syriaque : une enquête policière complexe avec du suspens et des coups de
théâtre où interviennent les services secrets américains, pakistanais et français et des activistes islamiques; des personnages fouillés qui ont une vraie épaisseur, même les personnages
secondaires; et enfin des explications sur les origines de l'islam. Barouk Salamé présente la théorie selon laquelle la religion de Mahomet aurait été au départ une secte chrétienne. Le roman est
suivi d'une postface dans laquelle l'auteur revient sur cette thèse en citant les sources nombreuses qui la valident. Une lecture que je conseille. Quant à moi je me mets aussitôt à l'aventure
suivante de Serge Sarfaty.
A faire lire à ceux qui envisageraient de faire du tourisme -de l'alpinisme à partir des camps de base de la Chine- au Tibet. Pendant les ascensions, la
répression continue. Ce qui me choque plus que tout dans ce roman c'est la violence de cette répression qui frappe les Tibétains qui veulent préserver leur culture : la destruction des temples,
la torture, l'internement dans les "fabriques à yétis" : les hopitaux psychiatriques. Un article récent dans Courrier international du 23 au 29 février 2012 confirme que la répression continue au
Tibet hors de la vue des journalistes tandis que les immolations par le feu se multiplient.
Qu'est-ce que ça raconte ? La ministre du tourisme chinois est assassinée lors d'un déplacement au Tibet. Une alpiniste américaine aussi mais son corps a disparu.
Shan, le héros qui mène l'enquête, est un Chinois passé du côté des Tibétains après avoir été lui-même longtemps interné au bagne local.. Il découvre que le crime plonge ses racines plus de 30
ans auparavant, à l'époque de la révolution culturelle. Les violences d'alors ont généré traumatismes et rancunes encore violents aujourd'hui.
J'aime beaucoup les photos utilisées pour ces éditions récentes des romans de Pattison et particulièrement celle de la couverture du Seigneur de la
mort.